Mise à jour Jeudi 28 Février 2019: L’action dont il est question ici a (pour l’instant) suscité deux réactions: un article du collectif TITRI, et la présente lettre ouverte rédigée par un groupe de personnes trans radicales présentes à l’action (qui ne sont pas membre du dit collectif). Pour éviter tout amalgame: ce site va relayer des publications de différents groupes et individus, mais n’appartient à aucune structure spécifique.
Le Vendredi 1er Février 2019, à l’université du Mirail à Toulouse, devait se tenir un séminaire: « Des hommes et du masculin, des femmes et du féminin… (Daniel Welzer-Lang, Chantal Zaouche-Gaudron) », « Sociologie des transidentités: nouveaux aspects émergents (Arnaud Alessandrin) ».
Un groupe composé majoritairement de personnes trans, et comptant la présence de personnes cis allié-e-s, s’est rendu sur les lieux pour zapper l’événement et lire un texte.
Les intervenant-e-s de ce séminaire étaient toustes des personnes problématiques, mais la principale raison de notre présence restait Arnaud Alessandrin. Celui-ci a pris la fuite en compagnie de Daniel Welzer-Lang après nous avoir vu devant la Maison de la Recherche, où devait se tenir la conférence. Il ensuite écrit sur son mur Facebook pour se victimiser et tenter de se désolidariser des autres intervenant-e-s.
Des personnes présentes à l’action lui adressent cette lettre ouverte, en réponse à sa réaction lors de l’événement et à son message sur Facebook.
Le contexte
Le Vendredi 1er Février 2019 n’était pas une blague. A l’université du Mirail (renommée Jean Jaurès par Vinci), une énième conférence transphobe devait se tenir.
Les acteurices:
· Daniel Welzer-Lang: Enseignant-chercheur à l’université du Mirail – Cisgenre blanc et masculiniste – accusé d’agression et de harcèlement sur ses étudiantes depuis plusieurs années. Sa carrière et sa légitimité d’universitaire omniprésent n’ont jamais été remises en question, au contraire le statut de professeur émérite lui a été accordé malgrès une forte opposition. Il n’a jamais reconnu les fait et a même été jusqu’à traîner les dénonciatrices devant le tribunal correctionnel.
· Chantal Zaouche Gaudron: Enseignante-chercheuse de psychologie de l’enfant – cisgenre blanche, sûrement hétéra – ayant participé à l’écriture de publications masculinistes avec Daniel, et de publications diverses avec Colette Chiland (une psychiatre transphobe de la SoFECT).
· Arnaud Alessandrin: Invité par les deux personnes mentionnées précédemment, c’est un homo blanc (qui n’est pas trans ni intersexe, contrairement à ce qu’on peut se laisser piéger à croire), qui a participé à la co-création de l’Observatoire des Transidentités dont il ne fait heureusement plus parti.
Ce trio devait donc se réunir afin de tenir un séminaire à l’attention des doctorant·e·s (et non des « membres de la société civile » comme l’a souligné Chantal). Séminaire intitulé « Des hommes au masculin, des femmes au féminin », avec un sous-titre accrocheur: « Transidentités: Nouveaux aspects émergents ». Évidemment, aucune personne trans n’était conviée à s’exprimer.
L’association Clar-T/I a contacté l’organisation du séminaire et n’a jamais reçu de réponse. Chantal a reconnu avoir eu connaissance de l’e-mail, et s’en est lavé les mains en disant que ce n’était pas à elle d’y répondre.
Face à l’annonce de ce séminaire gerbant, nous – un groupe composé de personnes trans et/ou intersexes et d’alliées – nous sommes rendu-e-s à cette conférence afin de confronter le trio, d’annuler leur prise des paroles, d’hurler notre colère, et de dénoncer leurs pratiques transphobes ainsi que les agissements de Daniel.
Les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Alors que nous avions aperçu Arnaud et Daniel approcher de la maison de la recherche, ceux-ci ont subitement disparu pour ne jamais réapparaître durant cette journée (et ce n’est pas faute de les avoir chercher). A l’heure où la conférence devait commencer, Miss Chantal LeBouclier est venue nous annoncer que l’événement était annulé car « les conditions propices à un débat n’étaient pas réunies ».
La réponse d’Arnaud
Si ce grand Monsieur Arnaud Alessandrin n’a pas daigné venir nous parler le jour de l’action, il nous aura toutefois fait l’honneur de réagir à notre présence dans un post sur son profil Facebook:
« Il y a quelques mois, une professeure de psychologie (de Toulouse) me propose de venir dans son école doctorale pour discuter avec des doctorant.e.s de mon livre, « sociologie des transidentités ». Plutôt opposé à ses conceptions, j’accepte cependant le débat. Aujourd’hui, alors que l’intervention devait avoir lieu, je découvre que ce séminaire a été récupéré sans mon accord par un autre enseignant, notoirement harceleur, son nom affiché à côté du mien (par erreur je n’avais jamais demandé l’affiche de cet événement). Dans le foulée je découvre également qu’une association queer locale avait demandé , il y a plusieurs semaines de cela, une présence à ce séminaire. Aucune réponse de leur a été envoyée et, évidemment, personne ne me tient au courant. J’apprends enfin que des associations féministes appellent au boycott de ce séminaire du fait de la présence de ce harceleur. Face à cette manipulation des deux universitaires je décide de moi même boycotter le séminaire et en demande, seul (et en insistant démesurément) l’annulation. Ma vie professionnelle comme personnelle est marquée par la lutte contre le harcèlement, les violences, les discriminations, les injures et les rejets. Que mon nom soit utilisé sans mon consentement par des personnes au passé problématique me désole. Salir ainsi mes combats c’est salir aussi ceux de mes proches. Cela me chagrine doublement. J’avais besoin de prendre la parole sur cette personne et sur ces pratiques que je condamne. »
Donc: ce pauvre Arnaud, victime des circonstances et manipulé par les deux professeurs, n’était pas au courant que le séminaire était organisé par des personnes problématiques. Dans un élan de révolte, d’engagement et d’intégrité, il a donc décidé par lui-même d’annuler sa conférence. Ca peut sembler étrange si on se rappelle qu’Arnaud et Daniel ont étés aperçus ensemble à proximité de la maison de la recherche. Et ça peut même devenir un grand foutage de gueule si on sait qu’Arnaud a déjà travaillé avec les deux personnages qu’il dénonce ici, à l’occasion d’un séminaire du même nom, dans la même université, en Mai 2011.
Plus sérieusement: la lâcheté, la victimisation et la manipulation dont cette personne fait preuve semblent sans limite. Il nous prend pour des imbéciles et pense certainement qu’il tirera son épingle du jeu en pleurnichant sur son pauvre sort. C’est une erreur Arnaud, car nous savons qui tu es, ce que tu fais, et ce que tu as écrit.
Revenons sur ce post Facebook:
· Invitation à parler de son livre « Sociologie des transidentités » : Arnaud, tu n’as pas à publier quoi que ce soit sur les transidentités. Tu n’es pas concerné. Et la place que tu prends, le pouvoir et le statut que tu as obtenu, et le fait que tu fasse toute ta carrière sur nos corps et nos vies, font que tu n’avais rien à faire là ce vendredi. Rend la thune de tes livres aux communautés trans. Rend la thune que tu t’es faite sur notre dos pour permettre l’accès aux soins et à d’autres possibilités de vie pour les personnes que tu étudies. Nous t’étudions aussi, pas besoin d’être des universitaires pour savoir que tu es un dominant qui ne cherche pas à combattre ses privilèges.
· Récupération: Tu t’es bien foutu de nous sur celle-la. Ton séminaire de 2011 avec Daniel et Chantal, on en parle? Et même si tu n’avais jamais travaillé avec ces personnes, c’était pas difficile de se renseigner sur elles. Il faut trois clics maximum pour savoir que Daniel est accusé de harcèlement et que Chantal a travaillé avec Colette Chiland.
Tu ne dénonces rien. Tu savais très bien dans quoi tu mettais les pieds. Ton post n’est qu’une tentative de sauver ton statut. Arnaud: tu es venu à la maison de la recherche avec ce harceleur, et vous avez fuit ensemble. On vous a cherché sur le campus et vous étiez introuvables. Pourquoi te cacher si tu n’avais rien à te reprocher ? Et puis tu aurais pu venir nous dire toi-même que tu annulais la conférence.
· Association queer locale: On est pas dans vos petits jeux d’universitaires qui s’auto-alimentent. Il y a une asso trans sur Toulouse, et elle a un nom (Clar-T/I). Et c’est pas elle qui était présente. C’était un groupe de personnes qui sont venues au Mirail ce jour là parce que ta présence était indésirable.
Et puisque tu parles de cette asso: est-ce que tu l’as contactée quand tu as préparé ta conférence? Non tu ne l’as pas fait. Et ne vient pas nous dire que tu ne la connaissais pas. Chercher une asso sur Google ça prend moins de temps que d’écrire un de tes bouquins immondes.
· Tu as décidé toi-même d’annuler le séminaire? C’est étrange, Chantal nous a dit que c’était elle qui avait pris cette décision, en qualité d’organisatrice.
Et pourquoi nous avoir envoyé Chantal? Est-ce que vous vous êtes imaginé, Daniel et toi, qu’on serait plus conciliant-e-s si vous nous envoyiez une femme cis?
C’était une double erreur stratégique, car on en a tiré un bénéfice: maintenant, on sait qui est cette Chantal, ce qu’elle écrit, et avec qui elle travaille.
Car oui: Arnaud, Daniel, Chantal, on sait très bien que vous n’allez pas vous arrêter de sitôt, et nous n’arrêterons pas de vous traquer.
· Tu as répondu pour te victimiser. Tu n’as rien dénoncé, tu n’as donné aucun nom, tu n’as même pas osé nous rencontrer. C’est plus facile de se cacher derrière Facebook. T’as pas pris la parole, tu prends notre place, tu voles nos vies, et tu fais partie de ce cis-tème que tu prétends dénoncer. Tu l’alimentes en refusant d’en prendre conscience et d’agir en conséquence.
Arnaud: T’as pas pris la parole. Tu ne luttes pas pour les causes trans. Tu nourris la transphobie généralisée et tu divises la communauté trans. Tout ça pour ton propre compte.
Chantal: T’avais rien à faire là, avec tes travaux masculinistes sur la question du père. On s’en tape que tu remplisses tes soirées et que tu gagnes ta vie en écrivant sur ces pauvres mec-cis hétéro victimes des temps modernes. Et c’était pas la peine de ramener des malabars de la sécurité, ça nous impressionne pas (ils s’en sont d’ailleurs rendu compte, ils sont partis avant toi).
Daniel: T’as le droit à rien d’autre qu’à notre haine quand tu oses encore te pointer à l’université où ailleurs, en prétendant travailler sur des questions de genre alors que tu es accusé de viol et de harcèlement. Au passage: les queers te détestent. Dans les milieux politisés queers, la simple évocation de ton nom déclenche presque un réflexe de régurgitation. Et si tu nous crois pas on ramènera toute la clique au prochain événement auquel tu participes pour qu’iels te le disent elleux-même. Voilà pour ta légitimité.
Vous ne méritez que notre colère et nos voix continueront de s’élever.
Ce vendredi, dans un mélange de peur et d’immaturité de la forme la plus puérile, vous vous êtes cachés. Mais c’est pas la dernière fois que vous entendez parler de nous. A l’avenir, on va surveiller de plus près ce qui se passe au Mirail. Et la prochaine fois, on vous laissera pas vous débiner. Vous devrez écouter ce qu’on a à vous dire, et rendre des comptes.
Trans, inter, veners, pas prêt-e-s à se taire!
Signé: les personnes présentes à l’action le 1er Février. Non, on ne se cache pas dans l’anonymat: si tu étais venu tu saurais qui on est.
PS: nouveau mensonge
Nous avons décidé d’écrire cette lettre en réaction au post Facebook cité plus haut. Chaque fois que nous décidions qu’il était temps de la publier, de nouvelles choses s’ajoutaient. Arnaud n’a pas perdu de temps pour continuer à déblatérer des mensonges édifiants. Le 8 Février, à l’occasion d’une conférence à Reims, celui-ci revient sur le séminaire dont il est question ici. Il affirme sans rougir qu’il a décidé d’annuler sa conférence car aucune personne concernée n’était présente, et qu’il ne souhaite pas travailler sans personnes concernées.
On a rien à te répondre là-dessus, Arnaud. On ne sait plus quoi te dire. Tu as pris les gen-te-s pour des imbéciles, et on sait très bien que ça aura fonctionné, car tu tire un bénéfice de la division de la communauté trans. Division que tu alimentes. Tu as montré par ce nouveau mensonge que tu n’as aucune limite. A partir de maintenant soit assuré que nous aussi, nous n’aurons aucune limite dans notre réponse à ta violence. Nous allons montrer qui tu es vraiment aux personnes trans et à la communauté scientifique. La carrière que tu as construit sur nos corps et nos vies touchera bientôt à sa fin.
PPS: concernant la suite
On se fait pas d’illusion sur ce que vous allez faire de cette lettre ouverte. On est pas assez naï-fs-ves pour croire qu’elle vous fera vous remettre en question et prendre vos résponsabilités. Non. Vous allez jouer les victimes, l’éternelle stratégie des oppresseureuses. Vous allez tenter de délégitimer notre colère en nous faisant passer pour un petit groupe de militant-e-s extrêmistes sur-énervé-e-s. Vous allez nous accuser d’être violent-e-s en vous appuyant sur le ton du texte. Vous allez nous faire passer pour les méchant-e-s en nous accusant de porter atteinte à votre liberté de haine… Pardon, « liberté d’expression ». Et vous allez déployer vos autres stratégies habituelles basées sur imposture et hypocrisie.
On va remettre les choses en place tout de suite : vous n’êtes pas des victimes, et vous n’en serez jamais quoi qu’on vous fasse. Vous êtes des dominants et vous avez créé la situation qui a conduit à l’écriture de se message. Et aucun diplôme où statut ne vous donne le droit de parler pour nous.
Bien sûr, votre victimisation frauduleuse va encore fonctionner, puisqu’il y aura toujours des personnes (même trans) pour prendre votre défense. Mais cette stratégie marchera moins que la dernière fois et bien plus que la prochaine. Plus de gen-te-s ouvrent les yeux sur ce que vous faites chaque fois que vous jouez cette carte, car elle repose sur l’ignorance politique ambiante. On était plus d’une vingtaine de personnes trans ce jour là. Vous ne diviserez pas notre communauté éternellement.